Interview de Valentin Planche,
UX/UI Designer

Pouvez-vous nous parler de votre métier ?

Ce métier pourrait s’apparenter à celui de DA (ndl : directeur artistique) du web. C’est l’ancien nom français avant qu’il soit américanisé pour devenir UX/UI designer. Je travaille dans une agence digitale niçoise appelée tequilarapido. Nous intervenons principalement auprès de clients parisiens cotés au CAC 40. Ma mission : les accompagner dans la création de sites web, d'applications métiers, tous les produits digitaux qui répondent à leurs besoins en com. Dans mon métier, il y a d’une part la partie UX qui consiste à examiner les cibles utilisateur. L’UI d’autre part consiste à retranscrire graphiquement ce qui a été fait via l’UX, au travers de l’identité, des couleurs, des typos, etc. L’objectif est de lui apporter une identité. C’est dans cette phase-là qu’on se rapproche le plus du DA digital.

Comment êtes-vous devenu UX/UI Designer

J’ai fait une filière scientifique pour m’orienter vers la biologie. Mais, à la sortie du bac, j’ai changé d’avis. À l’époque, je m’intéressais au graphisme avec les logiciels Illustrator et Photoshop. Ils nourrissaient chez moi un imaginaire où je me disais que l’on pouvait tout créer, mais je ne me voyais pas en faire un métier. J’ai trouvé l’Iscom, une école de communication globale, lors d’un salon étudiant. Et finalement, je me suis orienté vers cette école en me disant : pourquoi pas la publicité ? J’étais donc dans une filière marketing et publicité. C’est finalement tous mes stages qui ont orienté mon parcours professionnel. Je pense que c’est important de savoir ce qu’on veut faire, mais aussi ce qu’on ne veut pas faire. C’est même peut-être encore plus important de savoir ce qu’on ne veut pas faire. J’ai eu la chance, au travers de mes différents stages, de croiser tous types de profils, de métiers et de me confronter à tous types de projets créatifs. J’ai presque tout de suite su que je voulais me dédier à la création digitale. J’ai commencé par un stage en 2012 dans une petite agence dans la région de Marseille. J’avais postulé pour un stage de chef de projet, mais sans savoir trop à quoi m’attendre. J’ai occupé ce poste chez eux pendant deux jours et ensuite je leur ai dit : non, en fait, moi ce qui m’intéresse : c’est la créa. Le directeur artistique de l’agence m’a pris sous son aile. C’était une entreprise pionnière dans la création de sites web, car nous étions vraiment dans la démocratisation complète de l’accès aux technologies de développement. (Wordpress, HTML5/CSS3...). J’ai découvert cet univers très interactif qui m’a semblé plus intéressant que celui de la publicité. Ce n’était pas juste voir ton affiche sous un abribus, mais offrir un site à des millions d’utilisateurs. Pour nous, c’est ça la finalité : créer un produit interactif tout en laissant une belle part à notre fibre créative. C’est seulement dans ma 3e année d’école que je me suis spécialisé dans la communication digitale. En 2015, j’ai eu la chance de pouvoir faire un stage auprès d’un UX/UI Designer. Aujourd’hui, j’exerce ce même métier en agence.

Quelles sont vos missions principales ?

L’UX consiste à auditer, à évaluer et à étudier de l’analytics, faire de la recherche documentaire sur les utilisateurs... En publicité, on parle de cible, en UX on va plutôt parler de communauté d’utilisateurs. Il s’agit de les étudier, savoir d’où ils viennent, leurs habitudes d’utilisation, leurs parcours, quelles sont leurs affinités avec le web... Finalement, quand nous allons créer une plateforme, nous nous inscrivons dans un écosystème déjà existant. L’objectif est de rendre l’expérience facile sur nos plateformes et qu’ils nous trouvent facilement. Les outils analytics nous donnent une partie des données et les recherches et questions aux utilisateurs sont essentielles. Une fois que nos parcours et nos personas sont bien ficelés, nous construisons la structure avec, dans un premier temps, l’arborescence et le squelette de la plateforme, un wireframe avec des carrés gris et du texte. Par la suite, ces wireframes vont devenir des maquettes plus abouties, avec les couleurs et la bonne identité. En amont, bien sûr, nous sommes en contact avec les clients pour comprendre leurs attentes et avec les chefs de projet, les planneurs stratégiques. C’est la phase UX. Les missions liées à l’UI vont toucher à l’identité, aux couleurs, à la typographie, la gestion des espaces… Plus simplement à tous les pendants de la mise en page classique appliqués au digital. Ce travail à 100% visuel est complètement pratique et laisse peu de place à la théorie. C’est la facette du métier qui demande d’enchaîner les réalisations pour être maîtrisée.

Quelles sont les qualités que vous mobilisez pour ce poste ?

Il faut vraiment savoir se remettre en question, car c’est un métier qui évolue tout le temps. Il faut donc être capable de se tenir informé et à jour. Autrement, pour moi, les deux pendants du métier sont dans l’intitulé : d’un côté UX, la rigueur et de l’autre UI, la créativité. Et, pour exercer ce métier, il faut également de l’ouverture d’esprit.

Si vous deviez définir votre métier en un mot ?

Même si la créativité est importante, je pense que c’est la rigueur qui prime. Donc rigueur.

Chaque métier a son jargon, quel est le vôtre ?

Sans parler des anglicismes, très utilisés dans les métiers digitaux (« faire un call »), il y a des termes pour lesquels il est difficile de trouver une traduction : wireframe. En français, c’est « fil de fer », donc la traduction littérale est complexe. C’est l’équivalent du chemin de fer en print.

Si vous ne deviez donner qu’un seul conseil pour réussir ?

Il ne faut pas oublier que c’est un métier avec une très forte partie graphisme et design. Il faut maîtriser les outils graphiques et avoir une bonne connaissance dans ce domaine, car cela représente 50 % du métier. Les personnes qui viennent de l’UX design ont tendance à laisser de côté l’UI. Certes, si la partie utilisateur est importante, c’est la base. Mais c’est dommage de tout « gâcher » avec un produit pauvre sur le plan design.

Une anecdote à nous raconter ?

En agence, il nous arrive de bosser ensemble sur certains projets un peu sympas, en interne. Un jour pour la coupe du monde 2018, nous nous étions rassemblés avec des développeurs et des chefs de projet et nous avions créé un offwork autour de cette compétition où nous remontions, à chaque minute d’un match, le nombre de tweets (ndl : sur twitter). Nous pouvions donc voir un graphique représentant le nombre de tweets par minute, donc avec un vrai bruit social généré autour du match. C’était vraiment sympa. La force de l’agence, c'est de pouvoir se réunir autour de métiers passion.